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samedi 25 février 2012

Triodos, une banque durable

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Parfois, une image vaut plus qu'un long discours, alors voilà ce que la finance éthique pratiquée par la banque Triodos permet d'offrir à ses clients : on finance tel projet, à tel endroit.
Source :  http://www.triodos.be/fr/la-banque-triodos/votre-epargne-a-la-trace/

Triodos, une banque durable européenne née aux Pays-Bas

La fondation Triodos est créée en 1971 dans le but de collecter des dons pour financer des projets innovants et durables, et obtient en 1980 l'agrément bancaire lui permettant de créer une nouvelle structure, Triodos Bank.
Sa croissance lui a permis de diversifier ses activités au niveau sectoriel (immobilier durable, micro-finance, énergies renouvelables, commerce équitable, etc.) et géographique (Belgique, Royaume-Uni, Espagne, Allemagne)
Elle s'adresse aux particuliers et professionnels avec une offre très simple et n'a pas recours aux marchés financiers pour se refinancer (elle prête ce que lui permet sa base de dépôts).

Triodos est probablement le plus grand établissement respectant à la fois la transparence du circuit financier et un engagement éthique
  • 3,5 Milliards d'Euros de bilan
  • 278 289 comptes
  • 2 128 octrois de crédit et 17 283 crédits en cours de remboursement
Source : rapport annuel 2010 http://www.triodos.be/downloads/downloads-fr/rapport-annuel/bt-rapport-annuel-2010.pdf
La transparence et l'argent au service des valeurs font partie des principes fondamentaux, mais pas la participation des usagers à la maîtrise de l'outil financier

Ces principes sont en lien avec l'anthroposophie, un courant de pensée développé par Rudolph Steiner, et qui a donné des applications dans le domaine de l'éducation (Ecoles Steiner) ou l'agriculture (bio-dynamie), et qui est aussi à l'origine de la Nef.
  • Financement d'activités respectueuses des hommes, de leur environnement et de leur culture
  • La transparence du circuit financier, à travers notamment une carte interactive localisant et décrivant les projets financés (voir ci-dessus)
  • L'excellence du service rendu
  • Le soutien à l'entrepreneuriat
  • Le profit comme moyen et non comme fin : optimisation mais non maximalisation du profit, c'est-à-dire parvenir à satisfaire  l'ensemble des parties prenantes (salariés, épargnants, emprunteurs, société civile, actionnaires)
    • Concrètement, il n'y a pas de bonus à la performance incitant à maximiser la rentabilité
  • Le maintien d'un rapport de 1 à 10 des salaires dans l'entreprise
  • Compenser l'empreinte carbone de la banque à 100% (il me semble qu'il s'agit de l'empreinte directe de la banque et non celle liée aux financements réalisés)
On y retrouve deux des piliers de la finance éthique vus chez les Cigales (voir http://financeethique.blogspot.com/2012/01/la-finance-ethique-concretement.html) ou la Nef : la transparence et l'argent au service de ses valeurs. 

Par contre, la participation des usagers à la maîtrise de l'outil financier n'est pas réellement présent, car Triodos n'est pas une coopérative mais une société anonyme, dont les actions sont détenues par la SAAT (Stichting Adminstratiekantoor Aandelen Triodos Bank) qui regroupe les fondateurs de la banque.
Pour lever des fonds, la SAAT émet des certificats d'actions de la banque, qui donne des droits de vote restreints. Cela permet aux fondateurs de se protéger d'un rachat et d'un changement de culture qui y serait associé. Ainsi, au-delà de certains seuils de certificats d'actions, les droits de vote n'augmentent plus. C'est un intermédiaire entre la société anonyme pure où 1 action égale 1 voix, et le modèle coopératif où 1 personne égale 1 voix.

Lors de son intervention au séminaire cité plus bas, Olivier Marquet, directeur général de Triodos Belgique explique que les créateurs de Triodos ont étudié la meilleure forme juridique pour développer une banque éthique (au sens de transparente et au service de certaines valeurs). Le modèle coopératif était le plus courant, mais ils ont conclu que le meilleur modèle pour atteindre une taille importante, permettant de ne pas simplement être un acteur marginal mais d'avoir un vrai pouvoir de changer la société, était la société anonyme, l'argument principal étant la capacité à lever du capital massivement. 

La finance éthique concrètement, ce sont des débats sur ce qu'est une bonne société

Un autre exemple illustre un des aspects les plus intéressants de la finance éthique. Une fois que l'on entre dans une démarche éthique, en défendant des valeurs, il faut pouvoir le mettre en pratique dans la réalité en finançant des projets qui y correspondent. Olivier Marquet parle de l'alcool, en expliquant que les hollandais souhaitaient interdire les brasseries des fonds d'investissement socialement responsable (ISR), car l'alcool est à bannir. Les belges ont eux rétorqué que les brasseries faisaient partie de la culture belge, et que de nombreuses petites brasseries belges avaient besoin de leurs financements, et qu'ils souhaitaient le faire. Finalement, les brasseurs ne sont pas exclus des fonds ISR s'ils n'ont pas de politique de communication agressive envers les jeunes.

L'ISR chez Triodos

Triodos a une quinzaine de salariés travaillant sur la notation extra-financière des 1 600 plus grandes cotations boursières mondiales. Leurs critères sont en général plus sévères que d'autres agences selon Olivier Marquet.
  • Fait intéressant, Triodos vend à d'autres banques ses listes d'entreprises responsables et irresponsables pour qu'elles proposent elles-aussi des fonds ISR.
  • Autre fait intéressant, et j'espère aussi y revenir dans un article sur l'engagement actionnarial, Triodos engage un dialogue avec les entreprises qu'elle note, celles-ci demandant comment elles peuvent s'améliorer afin de rentrer dans les actions éligibles à l'ISR.
    • exemple concret : il y a 7-8 ans, Triodos avait sélectionné Pepsi mais pas Coca-Cola dans les actions éligibles à l'ISR. Coca-Cola a appelé en demandant pourquoi, et s'est vu réponre que Pepsi avait arrêté d'utiliser du fréon (gaz toxique) dans les distributeurs de boisson. Coca-Cola aurait arrêté l'utilisation du fréon juste après.
Olivier Marquet explique par ailleurs que les investissements ISR (en actions côtées) ont une performance similaire aux actions "non-responsables".

Triodos se cantonne aux métiers de base du banquier mais innove énormément

L'innovation en banque n'est donc pas nécessairement synonyme de produits dérivés et de formules mathématiques complexes, ou bien d'ordinateurs puissants permettant du trading haute-fréquence, mais de réponses à des enjeux de société:
  • 1990 : Lancement d'un Fonds commun de placement (FCP) pour la transition de l'agriculture vers le modèle biologique. 
La densité aux Pays-Bas étant très forte, le modèle intensif avec épandage de pesticides nuisait directement aux habitants proches des champs. L'Etat ne pouvant pas financer les coûts de reconversion, Triodos a proposé de créer un FCP recueillant les investissements de particuliers, et prêtant aux agriculteurs en conversion. L'Etat ne payait qu'une fraction des sommes envisagées via un avantage fiscal pour les investisseurs et une bonification des prêts.
  • 1995 : Fonds de micro-finance
  • 2004 : Fonds immobiliers consacré aux bâtiments de bureau passifs ou à faible consommation
  • 2006 : FCP pour la rénovation des musées nationaux
Des prises de positions importantes

Triodos milite pour la séparation des banques de dépôts et des banques d'investissements, et tient un discours très original aux régulateurs : méfiez-vous des banquiers, ils veulent de l'auto-régulation mais si vous les laissez ils referont pareil! Triodos Belgique ne fait pas partie de l'association des banques belges par exemple.

Un autre élément de l'entretien avec Olivier Marquet m'a interpellé. Il  y explique que selon les pays, Triodos ne finance pas la même part de projets écologiques, sociaux ou culturels. Par exemple, en Belgique, Triodos ne finance quasiment que des projets écologiques, car l'économie sociale est déjà bien servie par d'autres acteurs et qu'ils ne souhaitent pas leur faire concurrence. Au-delà de la possibilité d'un effet d'affichage, ou du fait que Triodos ne serait de toute façon pas compétitif, cela peut nous faire penser au développement des banquiers mutualistes ou coopératifs français dans le secteur de l'assurance (ou vice-versa), alors que des acteurs coopératifs et/ou mutualistes - participant donc en théorie à l'économie sociale et solidaire - sont présents de longue date. (Un point souligné par M. Abhervé et P. Dubois dans http://www.journaldumauss.net/spip.php?article457). Reste l'argument que cette concurrence accrue peut stimuler la concurrence et donc faire baisser les tarifs pour les sociétaires-usagers, argument évidemment recevable mais à relativiser dans un domaine où la coopération et la solidarité sont censées régner.

Par contre, étonnament, la problématique des paradis fiscaux ne semble pas intéresser Triodos.


Une situation financière originale : liquidités abondantes, retour sur investissement limité mais stable

Triodos, dispose de critères de sélection des projets sévères et d'une politique de risque restrictive liée à la taille et la jeunesse de la banque. Cela implique un décalage structurel entre les ressources collectées (dépôts des particuliers) et le montant utilisé (les prêts débloqués). La banque ne se finance donc pas sur les marchés financiers et dispose d'une grande autonomie.

Par ailleurs, les dividendes sont limités à environ 5% de la valeur du certificat d'action, contre une attente située plutôt autour de 10% pour le secteur bancaire, afin de conserver les moyens de croître à un rythme rapide (objectifs de 20% par an). Toutefois, Olivier Marquet souligne que sur le long terme, le retour sur investissement n'est sans doute pas si éloigné, si on prend en compte l'effet de la crise. La chute des cours a compensé les importants dividendes reçus.

Liens avec la Nef
 
Lors de mon article sur la Nef (http://financeethique.blogspot.com/2012/02/la-finance-ethique-concretement-choisir.html), je parlais de la volonté de la Nef d'obtenir l'agrément bancaire. Une des possibilités offertes à la Nef était de devenir intermédiaire en opérations bancaires pour le compte de Triodos en France, afin d'agir comme une banque. Mais finalement l'option retenue a été de créer une Banque Ethique Européenne avec d'autres coopératives.

Article basé sur le compte-rendu de l'intervention d'Olivier Marquet, directeur général de Triodos Belgique, lors du séminaire Roland Vaxelaire de la Majeure Alternative Management d'HEC, le 2/02/2011 ( http://appli6.hec.fr/amo/Articles/Fiche/Item/triodos___la_banque_durable_-__par_olivier_marquet-189.sls ), et de la fiche sur Triodos transmise par la Nef (la Nef, qu'es aquo? regardez http://financeethique.blogspot.com/2012/02/la-finance-ethique-concretement-choisir.html)

jeudi 16 février 2012

Retour sur le barcampbank du 28/01/2012

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Qu'est-ce qu'un barcampbank?

Voici la définition de destinationchangemakers (http://destinationchangemakers.com/2012/01/29/barcamp-bank-a-paris-sur-les-themes-de-la-finance-monnaie-et-banque/ ) :

"Un BarCamp est une non-conférence ouverte qui prend la forme d’ateliers-événements participatifs. Le principe de base est le suivant: pas de spectateur, tous participants. L’agenda n’est pas connu à l’avance. Seul le thème est prédéfini, ce samedi c’était donc un BarCamp Bank sur les thèmes de la finance, de la monnaie et des banques."

Ca veut dire concrètement débarquer le samedi matin à 11h au milieu d'inconnus, se présenter rapidement aux autres personnes, puis "être mis en état de collaborer" avec Ucka, qui nous a fait faire un peu de hip-hop (http://perceptionlgd.blogspot.com/2012/01/facilitation-organic-hip-hop-au.html). Ensuite, chacun peut inscrire sur un post-it les sujets qui l'intéressent dans les cases d'un tableau vierge, divisé en 3 salles et 3 créneaux horaires. Au bout de 20 minutes, on essaye de regrouper les sujets et chacun va dans la salle où on parlera du sujet qui l'intéresse. A la fin de l'atelier, un membre du groupe fait un compte-rendu à ceux qui n'ont pas participé à l'atelier.

Le matin j'ai participé à l'atelier "Finance solidaire", puis l'après-midi à celui sur le "manifeste du financement participatif".

Qu'est-ce que j'en retiens?

Sur le barcamp, c'est un excellent moyen de rencontrer des gens intéressés par les mêmes sujets, dans une atmosphère détendue, où il est facile de s'aborder, parler, et d'échanger en face-à-face.

Par contre, j'ai été un peu déçu (mais après réflexion c'est surtout lié à des attentes trop élevées) du contenu qu'il en sortait. Le matin, l'atelier finance solidaire auquel je participais a été très peu productif: trop de sujets différents mis derrière "finance solidaire", pas de véritable animateur lançant un sujet avec quelques idées fortes, un temps court (1 heure), et enfin le seul anglophone ne parlant pas français du barcamp, ce qui obligeait à traduire et/ou s'exprimer en anglais pour la quinzaine de français présents...

De fait, peu de choses en sont ressorties, mais cela m'a permis de voir ce que pensaient les autres participants. J'en ai retenu quelques idées :
  • L'importance de l'éducation populaire, pour expliquer à quoi sert l'argent, et comment on peut agir avec de façon consciente et responsable. L'exemple du micro-crédit est ressorti à ce propos
  • La relation d'inclusion de la finance solidaire dans la finance éthique. La finance éthique  requiert la transparence pour pouvoir décider de l'utilisation de son argent selon ses principes personnels. La finance solidaire permet d'affecter son argent selon des valeurs de solidarité, donc implique une transparence de ses placements.
  • Le crowdfunding permet d'avancer vers la finance éthique grâce à la transparence, et donc facilite l'accès à la finance solidaire
  • Autres remarques personnelles:
  • Les schémas historiques (avant il y avait le village on se prêtait l'un à l'autre, ensuite c'est la société des masses anonymes avec l'apparition des banques, aujourd'hui les grands oligopoles doivent faire place aux prêts participatifs, etc.) étaient souvent mobilisés dans la réflexion des participants, avec plus ou moins de rigueur. Il est donc important de connaître l'histoire de la finance et ses différente époques.
  • Les données techniques essentielles du problème ne sont pas suffisamment maîtrisées (moi inclus évidemment) ce qui fait déraper le débat car on ne peut vérifier facilement. Cas extrême, un participant a déclaré et maintenu qu'en moyenne les comptes-courants étaient garnis à hauteur de plus d'une dizaine de milliers d'euros.
  • Certaines personnes aiment bien parler, même pour ne rien dire, ou pour étaler leur connaissance, même lorsque cela n'apporte rien : pas un scoop, mais important à relever, car c'est un des facteurs d'échec. L'utilisation d'un bâton de parole, que chacun prendrait puis reposerait, la participation plus active d'un modérateur sont des bonnes pratiques à mettre en oeuvre selon des participants plus chevronnés.
Atelier manifeste du financement participatif

Les acteurs du financement participatif ou crowdfunding (prêts peer-to-peer) comme Friendsclear, Babeldoor, Babyloan, KissKissBankbank, et des citoyens engagés comme Frédéric Baud, ont produit un manifeste pour le financement participatif durant les semaines précédent le barcamp. L'idée de l'atelier était de réunir les personnes intéressées et de discuter d'une stratégie et d'un plan d'action pour favoriser l'essor du secteur.

Le but est d'inciter les politiques à favoriser le modèle du financement participatif, aujourd'hui très contraint par la règlementation bancaire. En plus des conditions très difficiles d'accès à l'agrément bancaire, qui fait que ces entreprises passent par des partenaires bancaires (comme Friendsclear avec le Crédit Agricole), de nombreuses précautions rendent très malaisé l'utilisation de ces plateformes. Par exemple, pour un prêt de 50€, il faut envoyer des copies de plusieurs pièces d'identités (règles "Know Your Customer", liées en partie à la lutte contre la fraude et le blanchiment d'argent).

J'ai surtout appris qu'aux Etats-Unis les acteurs du secteur avaient réussi à faire bouger Obama, avec notamment la présence d'acteurs comme Kickstarter (100 millions de dollars rassemblés), et la distinction entre les acteurs "commerciaux" avec prêt et remboursement, d'une part, et les acteurs qui fonctionnent en don (pas de remboursement) ou contre-don (remise du CD aux financeurs dans le cas de musiciens, du dvd pour un film, etc.), ce qui est le cas de Kick-starter.

Autres ateliers intéressant auxquels je n'ai pu me rendre :
Monnaies complémentaires
Projet open bank, Bank as a platform, API, SDK pour développeurs fourni par le Crédit Agricole
D'autres comptes-rendus sont disponibles ou le seront ici :
http://barcamp.org/w/page/48486544/BarcampBankParis7

Merci beaucoup aux organisateurs pour cette initiative !

lundi 13 février 2012

La finance éthique concrètement : choisir une banque de détail coopérative, transparente et engagée, c'est possible!

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L'expérience de la Cigales est très enrichissante, mais il faut bien avouer qu'elle est restreinte. (Cigales, qu'es aquo? regardez http://financeethique.blogspot.com/2012/01/la-finance-ethique-concretement.html) Le capital-risque, c'est...risqué. Pas question de mettre toutes ses économies là-dedans. Où mettre le reste de son argent? Et sans même penser à son épargne, quelle banque choisir lorsque l'on est dans une démarche éthique?

En continuant mes recherches, je découvre la société financière de la Nef (Nef pour Nouvelle Economie Fraternelle; http://www.lanef.com/index.php). Les premiers principes de la finance éthique que j'identifie chez les Cigales (transparence, argent au service de ses valeurs et participation aux décisions) s'appliquent ici aussi.

Pour la transparence, la Nef fait simple et efficace. Elle publie chaque mois (dans une revue en ligne dédiée aux sociétaires qui demandent à la recevoir, "Correspondances") et chaque année (dans un document disponible sur simple demande) la liste des prêts qu'elle a effectuée. Voici un exemple, avec les informations précises enlevées par mes soins.


A l'inverse des autres banques, je sais exactement où va mon argent. On évite l'effet "boîte noire" des institutions financières classiques, où le déposant met son argent dans des boîtes (compte chèque, livret d'épargne, etc.) sans savoir où il circule ni à quoi il sert.

Concernant les valeurs, il est plus simple de citer ce passage du site internet : "La Nef sélectionne les projets qu’elle finance en fonction de leur utilité écologique, sociale et/ou culturelle. Elle privilégie des initiatives qui visent le développement local de l’économie et choisit délibérément de n’encourager aucune action qui nuirait à la personne ou à l'environnement" (source: http://www.lanef.com/quisommesnous/valeurs.php). 

Enfin, la Nef est une coopérative. Le principe "un homme égale une voix" (et non une action égale une voix) est donc appliqué, ce qui permet de participer à la gouvernance de la banque et d'être écouté par les dirigeants de la banque. C'est à mon sens le troisième principe de la finance éthique : la politique de l'argent, c'est à dire la participation aux décisions, la co-construction de l'outil financier qui manipule les flux d'argent.

Je reviendrai plus longuement sur cette participation à la gouvernance, mais j'en donne une illustration concrète. Chaque mois, le Groupe Local Ile de France, formé par les sociétaires intéressés par la participation à la gouvernance de la banque, se réunit. En ce moment, on prépare :
  • le "séminaire de vie coopérative", qui nous permet de rencontrer au siège de la Nef les salariés, les dirigeants de la coopérative, et les autres sociétaires engagés, pendant 2 jours et demi. Un peu comme si un client de BNP Paribas intéressé par sa banque allait discuter avec Baudouin Prot, son Directeur Général.
  • notre contribution au plan d'entreprise à 3 ans. Un peu comme si ce même client de BNPP donnait son avis à Baudouin Prot sur le plan stratégique. Cela implique évidemment un élément essentiel, la compétence des sociétaires pour donner leur avis. D'où le travail d'éducation populaire de la Nef et des sociétaires issus du monde bancaire pour expliquer à tous les autres comment la banque fonctionne, ses contraintes, ses marges de manoeuvre, ses options. Ceci passe notamment par des assemblées locales avant l'assemblée générale annuelle, des articles dans le vif-argent, et les compte-rendu des assemblées générales ou des groupes de travail, disponibles sur demande. Une manière de répondre concrètement à ceux qui pensent que la finance et l'économie c'est "trop complexe" pour les citoyens.

Pour être tout à fait précis sur le côté technique, la Nef est une société coopérative financière disposant d'un agrément pour effectuer des crédits d'une durée supérieure à 2 ans. Pour toute les opérations de banque au quotidien, elle a passé une convention avec le Crédit Coopératif, qui met à disposition ses agences et ses produits (Chéquiers, Carte Bleue, service bancaires par téléphone et internet, etc.) pour les clients de La Nef. Il est donc possible dès aujourd'hui d'accéder à une véritable alternative bancaire. Pour ceux qui critiquent les banques actuelles en leur laissant pourtant leur argent, le changement est donc possible!
Enfin, la Nef cherche à disposer d'un agrément bancaire de plein exercice, pour être autonome. Depuis plusieurs années, elle discute avec des coopératives de finance partageant les mêmes valeurs pour créer une Banque Ethique Européenne. 

Alors, tentés ?